Fabrice Knoll
Fabrice Knoll
Architecte, KNOLL ARCHITECTURES
Diplômé des Beaux-Arts de Paris en 1985, Fabrice Knoll est architecte, architecte d’intérieur et photographe.
1986 : fondation de l’agence Didier & Fabrice Knoll, d’abord spécialisée en retail et bureaux.
1996 : débuts dans l’hôtellerie 4*.
2004 – 2008 : développement constant en hôtellerie 3 et 4* de chaîne.
2008 – 2010 : hôtellerie indépendante, résidentiel, scénographies pour des salons centrés sur la décoration.
2009 : sortie du livre « Concevoir et réaliser sa salle de bains » aux éditions Eyrolles.
2010 – 2021 : participations aux salons EquipHotel, Maison & Objet et Batimat, membre de jurys, conférencier en France, Suède, Moscou et USA, design d’objets, tissus, verre, intégrant la lumière, poursuite du travail d’architecte en hôtellerie, bureaux, résidentiel.
2019 : l’agence prend le nom de KNOLL ARCHITECTURES.
Budgets traités : 50.000 à 25 Millions d’euros.
Projets en cours : Nice, Paris, Bourgogne, Charente-Maritime.
QU’EST-CE QUI VOUS FAIT VOUS LEVER LE MATIN ?
Le plaisir d’attaquer une nouvelle journée. J’ai besoin chaque jour de créer de nouveaux espaces, de remuer de nouvelles idées et d’organiser celles de la veille qui m’ont parues intéressantes. Bien que je sois loin de penser que tout est génial, je pense a contrario que tout est exploitable, et que l’opportunisme est l’art de la circonstance. Ne le répétez pas trop fort, mais j’ai parfois créé des objets ou des espaces à partir d’un dessin gribouillé, dont je ne savais pas au départ ce qu’il signifiait. Ma main conduit ma réflexion, puis mon cerveau structure le dessin. Un architecte, par son style, ou sa marque de fabrique, peut créer des projets qui ont un lien de filiation, sans être pour cela similaires. Hokusai dessinait un lion chaque jour à la fin de sa vie, pour garder la main. Pau Casals s’entrainait sur son violoncelle tous les jours à 90 ans, car il sentait qu’il « faisait des progrès ». Ce sont pour moi des personnages d’inspiration et de légende.
EN QUELQUES MOTS QUELLE EST VOTRE PHILOSOPHIE / VISION DE L’AVENIR ?
Je fais de l’architecture pour améliorer le quotidien des utilisateurs de mes projets et créer des souvenirs spatio-temporels poétiques. L’avenir ne peut être que solidaire, avec des individus ouverts les uns aux autres et soucieux d’un équilibre planétaire.
De même que sur un chantier, c’est la solidarité et l’esprit d’équipe qui font le projet réussi, je suis intimement convaincu que la beauté nait de la coordination et de la cohabitation des différentes équipes. Le projet s’en ressent alors, dans le bon sens. Solidaires sur le chantier, les intervenants créent tous ensemble un projet harmonieux. Et lorsque l’harmonie du projet se déploie, ceux qui vont utiliser les espaces ainsi construits se sentent mieux. Mais là ne s’arrête pas le processus constructif. Si l’on part du principe qu’un bâtiment vit sa propre vie, à mesure qu’il est habité et transformé par ses utilisateurs, alors on peut dire que la vie des utilisateurs devient partie prenante et intimement liée à la vie du bâtiment. Statique et dynamique deviennent les deux respirations du lieu habité. Et si le bâtiment est conçu de manière fluide, ces utilisateurs vivent une vie plus fluide, plus libérée, plus aérée, plus aérienne. C’est à ce moment-là que se déploie la poésie de l’impalpable, l’ivresse du ressenti, et l’ouverture, le « regard par la fenêtre » qui laisse libre cours à l’imagination. A partir de là, les souvenirs d’utilisation du bâtiment se créent, et avec eux la satisfaction d’avoir un terreau propice à la re-naissance d’une vie de labeur ou d’habitation par le truchement de nos souvenirs.
QUE VOUS A APPRIS 2020 ?
Que la flexibilité et la résilience étaient plus que jamais notre quotidien. Depuis 1985, j’exerce en profession libérale, sans toujours savoir bien longtemps à l’avance la charge de travail, et l’organisation de vie que je vais avoir. Cet entraînement m’a permis de garder confiance pendant toute la pandémie, et de ne pas m’interroger sur l’incertitude du lendemain plus qu’à l’accoutumée. Cela a créé de fait une certaine tranquillité qui m’a permis d’apprécier les moments inattendus de vie plus régulière et limitée géographiquement (une contradiction pour moi qui adore voyager), l’intégration d’un animal en tant que membre supplémentaire du nucleus familial, et une certaine propension à accompagner et rassurer les clients, qui pour certains, angoissaient plus que lors de crises purement financières.
QUEL EST VOTRE PROCHAIN GRAND CHALLENGE ?
Monter un festival artistique. Toujours dans l’idée de la globalité de la création et des interactions constantes entre les différentes composantes artistiques, mais en y rajoutant une dimension universelle de paix et d’esprit Européen, ce festival s’articulera autour de concerts, d’expositions temporaires et permanentes, d’artistes en résidence, de masterclasses, et d’ateliers exploratifs. Autrement dit, sculpture, musique, peinture, pensée européenne, architecture, philosophie, poésie, sciences, pourront trouver dans ce microcosme (qui bien sûr sera architecturalement aménagé par nos équipes), une forme macrocosmique.
QUELLES IDEES / EXPERIENCES SOUHAITERIEZ-VOUS PARTAGER AVEC VOS PAIRS ?
L’art (et donc l’architecture qui est l’art premier) est forcément global. La musique nourrit le design, qui à son tour nourrit la gastronomie, qui elle-même nourrit l’esprit. Je refuse d’apposer une étiquette sur qui ou quoi que ce soit. Les retournements de situations, les développements inattendus des relations humaines ou des processus créatifs, font que nous devrions être à l’affut des rencontres fortuites et des liens entre disciplines. J’ai obtenu parfois de gros projets sans coup férir, et dans le même temps, je suais pour décrocher un vermisseau, comme le héron de la fable. Il faut garder un humour et une distanciation constante par rapport à ce que nous vivons, tout en restant fidèles à des principes d’intégrité et de continuité morale. Lorsque je crée un bar, j’imagine de créer en même temps un cocktail, le graphisme du menu, le vêtement du serveur, le mobilier de desserte. Tout en écoutant la musique qui me semble la plus appropriée au projet.
VERS QUELS NOUVEAUX PROJETS SOUHAITERIEZ-VOUS VOUS DIRIGER ?
J’aimerais intégrer l’art du contrepoint et de la fugue de J.S.BACH dans certaines de mes architectures. En effet, sa musique est intemporelle, et les plus belles architectures traversent le temps sans vieillir. Il y a un tel entrelac de rythmes et d’ornementations sobres dans sa musique, que sa transcription architecturale tiendrait à la fois de la rigueur intellectuelle et du miracle poétique. Ce rêve, je le poursuis depuis les Beaux-Arts et depuis la découverte du clavier bien tempéré. J’ai eu l’occasion de développer la mise en scène de la Flûte Enchantée de Mozart uniquement par des matières, des couleurs et des dispositifs d’éclairage. Aussi pourquoi ne pas penser qu’on pourrait trouver un système constructif en lien avec telle ou telle forme musicale ?
Découvrez également l’intervention de Fabrice Knoll lors du webinar
« Fabrice Knoll raconte l’Espace Convivialité »